Quels que soient votre fonction ou votre rôle au sein de votre structure, vous avez certainement été confronté(e) aux situations suivantes :
- Vous volez au secours d’un collègue en difficulté
- Votre interlocuteur renvoie la faute sur vous alors que vous avez fait le maximum pour respecter les délais
- Vous vous sentez accablé(e) par le poids de la vie
La plupart du temps, nous jouons notre rôle habituel en tant que Sauveur, Persécuteur ou Victime et « invitons » notre interlocuteur à endosser un de ces rôles inconsciemment.
Voyons ensemble, les subtilités du triangle dramatique pour vous positionner en tant qu’adulte et réduire ainsi les conflits inutiles ou les risques de manipulation.
Le triangle dramatique de KARPMAN[1] est un jeu psychologique[2] plus précisément un scénario pratiqué inconsciemment qui peut être destructeur pour ceux qui y participent. Il faut savoir l’identifier et le démasquer en soi ou chez les autres. Ce jeu implique 3 rôles :
Une Victime V : qui se sent inférieure et va rechercher soit un Persécuteur soit un Sauveur
Un Sauveur S : qui perçoit la Victime comme inférieure et lui vient en aide
Un Persécuteur P : qui persécute en agressant, humiliant ou rabaissant la Victime
Victime (pauvre de moi)
Persécuteur (tout est de votre faute) Sauveur (je vais vous aider)
Ce triangle illustre les différentes positions que que nous pouvons adopter dans la vie professionnelle ou personnelle. Chacun glisse facilement d’une position à l’autre sans en prendre conscience ! Et nous pouvons même endosser les 3 rôles simultanément.
Aucun rôle n’est meilleur que l’autre ni plus efficace sur le plan relationnel.
Exemple de jeu du triangle dramatique
Collègue : « Je me sens complètement fatigué en ce moment.» (victime)
Responsable : « Prenez des congés pour décompresser. » (sauveur)
Collègue : « Je n’ai pas le temps, j’ai beaucoup de dossiers à finaliser.» (victime)
Responsable : « Organisez-vous autrement et vous finirez votre travail dans les délais.» (persécuteur)
Collègue : « Vous êtes en train de critiquer mon organisation et remettre en cause mes compétences, je n’apprécie pas votre remarque.» (victime passant en position de persécuteur)
Responsable : « Je n’ai pas dit ça… » (tentative de conciliation)
Collègue : « Déjà, l’autre jour vous m’avez déjà fait une réflexion. » (à nouveau en position de victime)
Responsable : «Vous êtes compétent, je vous l’assure.» (devient sauveur)
Quelles sont les stratégies pour sortir du triangle dramatique ?
Le rôle de persécuteur
Le persécuteur est celui qui juge et punit.
Il pense qu’il a raison et que l’autre est un incapable ; il le pousse à se sentir coupable. Il brime, il manipule en faisant pression ou en menaçant.
Il méconnaît la valeur des autres.
Pour sortir du triangle :
Prendre conscience de la valeur de l’autre.
Nouveau comportement à mettre en place : développer un comportement assertif, savoir dire non sans agressivité.
Le rôle de victime
Il se laisse faire et a une posture apparente de faiblesse. Il est dans la peur. La victime a envie qu’on ne lui reproche rien et ne souhaite pas véritablement être aidée. Son pouvoir c’est de mettre l’autre en échec.
La victime méconnaît sa propre valeur.
Pour sortir du triangle :
Prendre conscience de sa propre valeur mais aussi de ses limites.
Nouveau comportement à mettre en place : savoir exprimer ses besoins de façon claire. Oser s’affirmer.
Le rôle de sauveur
Vient arracher la victime des griffes du persécuteur. Il cherche à arranger les choses. Il attend des remerciements, mais ne les obtient pas alors il finit par tomber aussi dans le rôle de victime ou de persécuteur.
Le sauveur méconnaît la capacité des autres à agir, ressentir ou penser par eux-mêmes.
Pour sortir du triangle :
Prendre conscience que dès que je fais quelque chose à la place de l’autre, je l’empêche de s’autonomiser.
Nouveau comportement à mettre en place : faire confiance, considérer la personne comme responsable, ne pas faire à sa place.
En résumé :
Le Persécuteur méconnaît la valeur des autres.
Le Sauveur méconnaît la capacité des autres à agir, ressentir ou penser par eux-mêmes.
La Victime méconnaît sa propre valeur.
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[1] Fairy Tales and Script Drama Analysis, Stephen Karpman, 1968
[2] Concept issu de l’analyse transactionnelle, Eric Berne, psychanalyste